Biographie |
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Alors que, le lendemain, je contemplais la tour de la cathédrale Saint-Etienne de la fenêtre de ma chambre, j’entendis avec surprise le chant d’un coq… Dans la brume matinale, le son du clairon d’une caserne parvint jusqu’à mes oreilles. |
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De la fenêtre, j’apercevais le chemin de Babylone à travers les treilles que recouvraient les sarments. Sur la colline, la prairie s’étendait jusqu’au bord de la rue et il arrivait que se reflètent, dans les vitres de la fenêtre derrière laquelle j’écrivais, les têtes des vaches qui s’avançaient jusqu’au bout du rocher rouge. |
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Sur la rive opposée… sur le terrain en pente, on entrevoyait, à travers les arbres, des maisons rustiques alignées, ainsi que des jardins cultivées. |
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L’église Saint-Etienne est une immense cathédrale en pierre. La chapelle qui se trouve au détour de la rue en pente conduisant à la cathédrale m’a rappelé que nous étions dans un pays catholique… A côté de cette chapelle, une vieille femme ridée, le dos voûté, vendait de grands cierges. Au pied de la statue de Marie, on avait déposé des cierges et des fleurs. De façon très surprenante, il s’agissait de lotus artificiels, dont les feuilles et les pétales de couleur or et argent ont suscité en moi l’impression que j’étais dans un temple bouddhique. Sous la lueur vacillante des cierges placés devant l’autel, nous avons vu une jeune fille, vêtue d’une robe noire, qui priait, agenouillée sur une marche en pierre. Peut-être priait-elle pour le retour de son fiancé partit pour le front. | ||||
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.A deux pas de notre logement, des vaches paissaient. Des fermières chaussées de sabots suivaient une charrette que tiraient deux bœufs. La rosée matinale humectait les feuilles de la vigne et des gens âgés labouraient péniblement, en pensant sans doute à leurs fils au front. |
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Près du Pont-Neuf, il y avait un petit café sans prétention, à l’enseigne du Comptoir… Chaque fois que mes pas me conduisaient en cet endroit, le fils des patrons courait vers moi pour me serrer la main. Même lorsque cet enfant jouait en compagnie de petits camarades au pied des arbres, il ne manquait pas de venir à la hâte me saluer. |
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Je suis descendu sous le pont. Là, on entendait d’habitude le bruit du linge que l’on battait, mais, ce jour-là, les lavandières n’étaient pas nombreuses… Sur la rive, entre les platanes aux feuilles jaunies et l’endroit où l’on faisait sécher le linge, je contemplais les enfants du quartier qui jouaient. L’envie me prit de faire des ricochets devant un enfant. La pierre plate et bien lisse que j’avais ramassée et lancée a rebondi jusqu’au milieu de la rivière. En l’apercevant, les enfants se sont approchés de moi et m’ont demandé de leur apprendre à faire de tels ricochets. Parmi eux, certains apportaient des pierres rondes ramassées sur la rive ; d’autres essayaient de lancer des cailloux. Tout le monde s’amusait. |
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A mes oreilles attentives parvenait confusément, du fond de la vallée, le bruit sourd de la Vienne qui coulait. |
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Shimazaki Toson Lettres de France 1914 | |||||
Je me trouve à l’orée de la cité, en un lieu qu’entourent de nombreuses prairies et des champs. Tout est beaucoup plus rustique que je ne l’imaginais. |
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Le Pont-Neuf est un grand pont en pierre qui se dresse entre mon quartier et le centre de la ville. Sous ce pont coule la Vienne. |
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Visitez le Mémorial Shimazaki Toson sur le site japonais www.cnet-kiso.ne.jp/t/toson
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"La noix de coco", un poème où, dès 1904, Shimazaki Toson décrit les sentiments de l'exilé loin de sa patrie.
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