Premières actions.

  Deux immeubles de la rue de la Boucherie, avec leurs façades au crépi gris, furent choisis pour présenter aux citoyens ce qu’une restauration intelligente pouvait donner. La propriétaire des deux édifices accepta d’en confier la rénovation à de jeunes membres de la nouvelle association. L’étude de ce qui avait été écrit sur les maisons à colombage précéda l’ouverture du chantier. L’ardeur suppléa au manque d’expérience et un beau jour le travail fut achevé. Il restait à attendre le verdict des Limougeauds.

  En cette même année 1973, le groupe folklorique l’Eicolo dau Barbichet cherchait à célébrer son demi-siècle d’existence. Son président, par ailleurs membre de Renaissance du Vieux Limoges, s’inspirant de la tradition, proposa de créer une manifestation originale dans ce quartier historique de la Boucherie. Un programme fut établi par les représentants des deux associations, deux bouchers représentant la Confrérie de Saint-Aurélien et le président du Syndicat d’Initiative. La fête s’appellerait « La Frairie des Petits-Ventres ». Elle déroulerait une procession, dans le quartier boucher, de la statue de Notre-Dame des Petits-Ventres, procession accompagnée par des chants en langue limousine. De plus, un grand marché en pleine rue offrirait au public de retrouver les produits locaux oubliés de triperie, boucherie et pâtisserie.
 Le soir du vendredi 19 octobre 1973, des milliers de Limougeauds se rendirent dans l’ancienne rue Torte. Ils purent déguster et faire provision de girauds, petits-ventres, boudins, gogues et clafoutis. Ils purent aussi et surtout admirer les premiers colombages revenus et se féliciter de la sauvegarde de ce patrimoine. Le succès fut tel que la presse écrivait : « Ce soir, Limoges a retrouvé une âme ».Place St-Aurélien
  Depuis, chaque année, le troisième vendredi d’octobre, la fête rassemble la foule des gourmets. Au fil des années, chacun peut constater les progrès réalisés dans la réhabilitation du quartier. Colombages retrouvés, nouveaux commerces, logements rénovés, dégagement de la place de la Barreyrette. La rue de la Boucherie sauvée voit, chaque année, de nombreux touristes de passage venir la visiter.

ERue de la Boucheriet ensuite…

  Le succès de la sauvegarde du quartier de la Boucherie, entraîna d’autres quartiers anciens à se préoccuper de la conservation de leur patrimoine. Renaissance du Vieux Limoges les aida de son expérience.  Ainsi furent sauvés de la pioche des démolisseurs, dans le quartier de l’Abbessaille, les maisons de la Règle, dans la partie de la ville appelée la Cité.

  Dans les années 1980, une étude faite par le président fondateur de l’association signalait la présence de vestiges médiévaux, place des Carmes, ceux de l’ancien couvent loti à la Révolution. Plus de quinze ans plus tard, des travaux dans une agence bancaire ramenèrent au jour d’admirables fresques médiévales de l’ancienne église. Sur l’intervention d’institutions officielles et avec le concours de la banque, sensibilisées par l’étude et l’action de RVL, ces vestiges sont aujourd’hui conservés sur place.

  L’intérêt porté par Renaissance au four à porcelaine d’une ancienne fabrique, dans le quartier des Casseaux, pour rassembler du matériel porcelainier et recueillir témoignages et anecdotes des « hommes et femmes du feu », a contribué à la sauvegarde des bâtiments de l’usine. Des fontaines, comme celle de la place Fontaine des Barres, furent remises en valeur, d’autres restaurées, comme l’antique fontaine d’Aygoulène surmontée d’une statue de saint Martial comme par le passé.

  Outre la sauvegarde d’un patrimoine immobilier, Renaissance a permis de retrouver les peintures sur toile qui décoraient les parois des galeries circulaires du Cirque-Théâtre municipal avant sa démolition. Plus récemment, l’association a fait transférer au musée municipal une fresque du XIIIe siècle qui décorait le dortoir des moines du couvent des Grands Carmes.Fontaine d'Aigoulène  dessin de Tripon

  Consciente de l’attachement des Limougeauds au passé de leur ville, Renaissance propose des expositions sur les quartiers du Château et de la Cité et ses bords de Vienne. En accord avec le Rectorat, des causeries ont lieu dans les écoles. Des membres de l’association, passionnés d’histoire, proposent des théories, n’hésitant pas à remettre en cause certains auteurs anciens au gré de découvertes faites au cours de campagnes de fouilles.

Et demain…Les Colombages des Barreyrettes

  Renaissance a certainement contribué, la première, à éveiller dans l’esprit de ses concitoyens le respect du patrimoine ancien. Des associations politiques ou des services de l’Etat ont emboîté le pas, et c’est tant mieux. Il y a place pour toutes les bonnes volontés quand il s’agit de notre ville. Renaissance du Vieux Limoges reste fière de ses réalisations passées et continuera, chaque fois qu’il sera nécessaire, d’intervenir pour la sauvegarde de sites à préserver.