IMMEUBLE FAURE L'affaire de l'immeuble Faure évolue dans un sens peu favorable. Nous avions demandé l'ouverture d'une procédure de mise en protection au titre des Monuments Historiques pour le vitrail de Chigot et la façade sur rue de l'immeuble Faure, place Winston-Churchill. Eu égard aux menaces, nous sollicitions une procédure d'urgence. Sur ce point, nous avons été entendus : d'autres de nos demandes, plus anciennes, sont encore à l'étude mais, pour celle-là, la ''Délégation permanente de la commission régionale du patrimoine et des sites'', compétente, a tranché dès le 17 mai. La décision nous a été communiquée par un courrier de M. Geffré, Directeur Régional des Affaires Culturelles, en date du 6 juin 2011 : « la délégation... a estimé que cet immeuble ne présentait pas un intérêt d'histoire ou d'art suffisant pour être préservé au titre de cette législation » (des Monuments Historiques). Deuxième temps : nous avons reçu un courrier de l'A.P.I.J. (Agence Publique pour l'Immobilier de la Justice) proposant une rencontre à Limoges. Cette réunion eut lieu le 27 juillet, à la DRAC : en face de votre représentant, pas moins de huit personnes – ou plutôt sept, l'une étant une stagiaire ; les autres étaient M. Geffré, Mme Mangin-Payen, Architecte des Bâtiments de France, Mme Fabioux, directrice du Service Régional de l'Archéologie, M Vareille, adjoint au maire de Limoges, et trois chefs de service de l'APIJ, venus de Paris. Sept pour un : voilà qui signifie bien des choses. Pendant plus d'une heure, dans un climat constructif et cordial, nous avons débattu du dossier de la cité judiciaire. Nous avons noté avec plaisir la volonté de tous pour la réalisation de cet équipement indispen-able. Reste la question du comment, c'est-à-dire de la maison Faure : toutes les hypothèses ont été ''mises sur la table'' y compris, par nos interlocuteurs, la « déconstruction ». Nous leur avons remis un mémorandum : « L'association Renaissance du Vieux Limoges (RVL), fondée en 1973, agit pour la défense et la promotion du patrimoine limougeaud dans toutes ses composantes ; elle rassemble à ce jour plus de 210 citoyens. Elle est reconnue de tous sur Limoges et même au-delà. L'association souhaite inscrire toutes ses actions dans une démarche participative et constructive, à son niveau et à sa place. Dans le cadre du projet de cité judiciaire place Winston-Churchill, RVL constate les éléments suivants : 1 / Limoges a besoin d'une cité judiciaire permettant un meilleur fonctionnement de la Justice. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'implantation des établissements judiciaires dans la ville, ajoutée à la réforme de la carte judiciaire, qui concentre au chef-lieu de la Haute-Vienne les tribunaux d'instance des autres villes du département. 2 / La place Winston-Churchill et la rue de la Mauvendière (qui la prolonge dans le secteur concerné) forment un ensemble homogène, constitué de façades en pierres, implantées en continuité à l'alignement de la voirie. 3 / Limoges est labellisée Ville d'Art et d'Histoire. A ce titre, elle s'est engagée, d'une part, à « faire participer la population aux projets d'aménagement urbain », et, d'autre part, à « inciter les professionnels de l'architecture, de l'urbanisme, les personnels des collectivités locales, les promoteurs, les architectes, les maitres d'ouvrage et les maîtres d'œuvre, publics et privés, à prendre en compte le patrimoine dans leurs actions quotidiennes ». 4 / Limoges est dotée d'une ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager). Celle-ci prend en compte les caractéristiques architecturales du quartier. Ce qui comprend et implique trois faits : 4-1 / L'emprise au sol et l'alignement des constructions « devront respecter le caractère dominant du front bâti... sur une longueur de 50 mètres de part et d'autre » (prescription n° P2n1-1). 4-2 / L'immeuble Faure est répertorié par la Ville de Limoges dans la liste des « immeubles remarquables ». Ce classement est motivé par les caractéristiques architecturales du bâtiment. 4-3 / Le pignon côté Mauvendière est appelé, selon ce document réglementaire, à être requalifié. RVL sollicite donc que tous ces éléments soient pris en considération dans l'élaboration du projet de cité judiciaire. L'association considère que le projet devrait présenter une signature architecturale assurant la parfaite intégration urbaine de la cité judiciaire. Le vœu de RVL est donc que la cité judiciaire de Limoges se fasse dans les meilleurs délais et qu'elle soit belle et intégrée à son quartier. Tels sont les éléments que nous nous permettons de présenter à la réflexion des personnes appelées à prendre les décisions. Ce que nous ne sommes pas. Nous ne pouvons que formuler des vœux. Nous le faisons parce que nous aimons notre ville autant et peut-être plus que n'importe qui : c'est pour cela que nous sommes actifs pour la défendre, la promouvoir, contribuer à l'embellir, et pour « participer aux projets d'aménagement urbain », comme le demande la labellisation Ville d'Art et d'Histoire ». Nous attendons maintenant les projets des architectes et la décision du jury de concours. Mais nous avons pu récemment consulter, sur Internet, l'appel à concours de maîtrise d'œuvre. Citons-en le principal extrait : « L'opération répondra à des critères de performance élevés. Sont ainsi cités, à titre indicatif et en cohérence avec la grande qualité architecturale attendue pour un palais de justice, l'insertion urbaine, la gestion de l'énergie, la maintenabilité et la facilité d'entretien, le confort visuel hygrométrique et acoustique ». La volonté d'une « insertion urbaine » est pour nous plutôt rassurante. Par contre, nous notons que les candidats ne sont nulle part informés de l'existence de l'immeuble Faure sur le terrain. Envisageant toutes les hypothèses, nous avons écrit au maire de Limoges : « Monsieur le député maire, Votre adjoint, Monsieur Vareille, m'a fait part de votre souhait que la cité judiciaire se réalise. Comme vous le savez, nous partageons, avec vous et avec tous les Limougeauds, ce désir. Mais, comme vous, nous serions bien sûr désolés d'assister à cette occasion, dans une Ville d'Art et d'Histoire, à la destruction d'un élément emblématique du patrimoine : l'immeuble Faure, inventorié dans la ZPPAUP comme ''édifice remarquable''. Une démolition, par son caractère à la fois définitif et appauvrissant, est toujours une mesure grave. Dans ces circonstances, RVL pense que, si malheureusement la démolition était décidée, la Ville honorerait son label d'Art et d'Histoire en évitant pour ce patrimoine une disparition totale, c'est-à-dire en prenant en charge le surcoût lié à un démontage pierre à pierre de la façade, à la dépose du vitrail de Chigot et à leur conservation en vue d'une réutilisation ultérieure. Nous pensons qu'il y a tout le temps nécessaire pour ces décisions, les travaux ne devant débuter qu'en 2013. Cette suggestion n'a de notre part comme objectif que de faciliter la réalisation d'une cité judiciaire indispensable tout en préservant le plus possible le patrimoine local et donc en conservant à la ville sa qualité de Ville d'Art et d'Histoire. Dans cet espoir, je vous prie, etc. » Quelle que soit la décision finale, nous aurons fait entendre nos arguments : les responsables assumeront, éventuellement, l'entière responsabilité d'avoir, en toute connaissance de cause, décidé la démolition d'un élément du patrimoine dans une ville labellisée d'Art et d'Histoire. Nous remercions néanmoins l'A.P.I.J. et la D.R.A.C. de nous avoir donné l'occasion, par cette réunion du 27 juillet, de dialoguer, proposer, être constructifs. |