Des vitraux médiévaux gravement endommagés à la cathédrale de Limoges

Un acte, confondant de bêtise et d'inconscience, a abouti à une très grave dégradation des vitraux médiévaux de la cathédrale Saint-Etienne de Limoges.

Tels que nous les connaissons, les faits sont tristement simples. Les terrasses du chevet étant actuellement en réparation, échafaudages et matériels divers restent les nuits sur place. Au cours de celle du 1 au 2 octobre 2005, plusieurs individus, passant par les jardins de l'Evêché, ont escaladé les échafaudages. Parvenus sur les terrasses, ils ont aperçus trois bonbonnes de gaz destinées à l'alimentation des chalumeaux des ouvriers. Un des intrus, ayant actionné le robinet de sûreté de l'une d'elles, provoqua la sortie du gaz, qu'il enflamma. Il y eut une explosion; elle blessa deux personnes proches et ébranla les structures de pierre des vitraux voisins, d'où l'éclatement des verres colorés qui se pulvérisèrent sur le sol du déambulatoire : il s'agit de verrières de la partie Sud du chevet et de la façade Est du transept du même côté. D'une grand qualité, elles remontaient au XIVe siècle avec quelques transformations au XIXe. Elles représentaient des apôtres, deux des évangélistes et trois saints limousins.

Les auteurs ont pu être arrêtés. Les travaux de rénovation seront long et coûteux. Les causes de ce geste effarant d'inconscience, parmi lesquelles figure, semble-t-il, l'alcool, seront déterminées par l'enquête en cours. RVL, consternée, suit cette lamentable affaire avec la plus grande attention.

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Le baptistère paléochrètien de Limoges mis au jour

Les fouilles archéologiques dirigées cet été sur la place Saint-Etienne par M. Julien Denis ont permis de découvrir l'importance du baptistère paléochrètien déja identifié. La cuve baptismale occupait le centre d'une salle de forme hexagonale, sur laquelle s'ouvraient six pièces carrées rayonnantes. Le tout couvrait un espace évalué à près de 300 m², le classant parmi les plus vastes de France reconnus. Des débris de la décoration intérieure en signalent la richesse passée. la cuve a ultérieurement été réduite, avant une utilisation de l'édifice comme église. Au XIIIe siècle, il fut remplacé par la petite église paroissiale Saint-Jean-en-Saint-Etienne, de plan rectangulaire.

Les études ne sont pas encore terminées et pourraient révéler des faits nouveaux. D'ores et déjà, ce très important monument intéresse les historiens et attirera les touristes.

Avec l'association Vie et Patrimoine de la Cité, Renaissance du Vieux Limoges est intervenue auprès des autorités compétentes pour promouvoir la conservation et la présentation de ce patrimoine.

 

Recensement du petit patrimoine de la commune de Limoges

Statue de la patronne des lavandières  Le recensement du petit patrimoine limougeaud entrepris par Renaissance du Vieux Limoges avance à grands pas : bien des choses ont déjà été découvertes. Certains membres nous ont spontanément envoyés photos ou indications. La presse locale s’est faite l’écho de cette opération. Il reste cependant encore beaucoup à faire…

Statue de la patronne des lavandières
La statue représente la patronne des lavandières du quartier de l’Abbessaille, dans la Cité. Des peiteus sont cloués sur les colombages de la maison autour de la niche, en ex-voto.

 

Une vue inédite de Limoges en 1612

   L’association Renaissance du Vieux Limoges, avec l’aide de l’Association Renaissance de Solignac Le Vigen, a signalé l’existence chez un particulier d’une vue inconnue d’une partie de Limoges dessinée en 1612.

  Une peau de chevreau (ou d’agneau), de 85 cm sur 60 environ, porte un dessin à l’encre rehaussé à la sanguine, figurant toute la zone comprise entre les actuelles rues Montmailler et des Arènes. Cette oeuvre a été réalisée en avril 1612 lors d’un litige entre propriétaires voisins – comme souvent aux XVIIe et XVIIIe siècles.

  On découvre en élévation une partie de la porte des Arènes, son faubourg et le cimetière, les Carmes, la ferme de la Mauvendière, la porte Montmailler et son faubourg jusqu’à l’église de Montjovis avec son ermitage, etc. Tous les détails, végétation, maisons ou personnages, sont criants de vérité. Quelques exemples de cette précision suffiront. La porte Montmailler est représentée avec son « baloard » - une sorte de barbacane -, sa herse et son pont-levis. Mais ce dernier, par une liberté de l’artiste, n’est pas accolé au portail : on distingue ainsi plus clairement le dispositif de contrepoids et poutres du pont-levis. Dans le cimetière des Arènes se promènent plusieurs personnages : quelques décennies plus tard, Molière fait dire à Monsieur de Pourceaugnac que ce lieu est un but de promenade. On y voit un lion surmonté d’une croix : c’est celui qui, placé de nos jours en dessous de l’orgue de Saint-Michel-des-Lions, porte une vasque. On découvre également la chapelle Saint-Antoine des pénitents gris.

  L’auteur est nommé sur le parchemin : le peintre Jean Guibert, payé pour son œuvre trente livres. Or la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges possède depuis longtemps, dans son fonds ancien, un livre d’architecture de Sébastiano Serlio, architecte italien ; cet ouvrage, ayant appartenu entre autres à un certain Jean Guibert, écrivain et peintre limougeaud, porte de très beaux dessins à la sanguine, de sa main. Enfin, signalons que cet artiste était seulement attesté, à ce jour, par des documents datés entre 1592 et 1610.